21 avril 1999




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Télécoms: les conséquences d'un divorce franco-allemand
 
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RUPTURE. La fusion probable entre Deutsche Telekom et Telecom Italia annonce la fin d'une histoire d'amour de près de dix ans. L'Allemand devra quitter sa participation dans l'opérateur italien Wind et, selon les analystes, dans le consortium Global One

Télécoms: les conséquences d'un divorce franco-allemand


Gabriel Sigrist
Sur le marché des télécommunications, les divorces sont aussi fréquents que les mariages. Mais le couple que formaient Deutsche Telekom et France Télécom semblait pouvoir résister à toutes les épreuves. Les deux plus grands opérateurs nationaux d'Europe ont travaillé ensemble pendant près de dix ans. L'alliance probable de Deutsche Telekom et Telecom Italia (lire ci-dessous) annoncera cependant la fin de cette histoire d'amour.
Michel Bon, directeur général de France Télécom, avertissait lundi que l'infidélité de Deutsche Telekom était incompatible avec les accords établis. «Un tel revirement stratégique aurait dû être décidé en commun, rappelait-on mardi au siège de France Télécom. Si l'allemand fait cavalier seul, toutes les alliances seront remises en cause et nous devrons chercher d'autres partenaires.» Au niveau politique, on tentait mardi de dédramatiser une mauvaise nouvelle pour France Télécom. L'opérateur «ne serait pas affecté de manière significative» par cette fusion, a déclaré le secrétaire d'Etat à l'Industrie Christian Pierret, qui a souligné que l'essentiel du développement européen de France Télécom s'est fait sans son partenaire allemand. Ironiquement, l'opération commune la plus prometteuse des deux géants se trouve en Italie avec la société Wind, fondée en novembre 1997 avec l'électricien Enel. Selon France Télécom, l'Allemand devra rapidement sortir de Wind. C'est aussi l'avis de la Commission européenne.
En Suisse, les deux opérateurs se sont aussi associés, non sans mal. En vue d'obtenir une concession pour la téléphonie mobile, ils avaient tenté la création d'une société baptisée Unlimitel au début 1998, mais n'ont cependant jamais réussi à s'entendre sur la stratégie et les objectifs budgétaires: Unlimitel n'a pas obtenu la concession et a été dissoute. Les deux opérateurs ont ensuite fondé MultiLink en mai 1998. Basée à Genève, cette entreprise emploie actuellement une centaine de personnes et vise le marché de la téléphonie fixe. «Le revirement stratégique de Deutsche Telekom ne nous inquiète pas, explique Robert Knulst, responsable du marketing de MultiLink. Nos objectifs restent les mêmes, même si l'actionnariat venait à changer.»
Selon les analystes, un mariage italo-allemand changera complètement le paysage des alliances en Europe. Le consortium Global One – qui réunit Deutsche Telekom, France Télécom et l'américain Sprint – devra être redéfini. «L'allemand devra certainement vendre sa participation dans ce consortium qui a affiché de lourdes pertes depuis sa création en 1996, explique Susen Sarkar, analyste auprès du Yankee Group à Londres. Les deux autres pourraient racheter ses parts, à moins que plusieurs petits opérateurs, comme Swisscom par exemple, ne soient intéressés.» Swisscom se cherche depuis longtemps une stratégie internationale. Le consortium Unisource, auquel il appartient, bat de l'aile depuis que les deux autres membres se développent chacun dans leur coin: le suédois Telia s'apprête à fusionner avec le norvégien Telenor tandis que le hollandais KPN profite des investissements du géant Ameritech dans son capital. «Unisource assure les services à la clientèle existante, poursuit Susen Sarkar. Mais à terme, Swisscom risque de se retrouver tout nu.» L'axe France Télécom-Sprint, s'il est maintenu dans Global One, restera attractif pour des petits opérateurs en mal de partenariat. Selon les observateurs, France Télécom s'alliera désormais plus volontiers avec des compagnies plus petites.
Reste à savoir quel opérateur américain s'associera avec le futur maous italo-allemand. Les plus importants ont déjà conclu des alliances en Europe. Mais, comme dit l'analyste du Yankee Group, «dans ce secteur, tout peut se défaire en quelques jours». Même les plus belles histoires d'amour.


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